Authentique bistrot lyonnais diplômé des Francs-Mâchons et littéralement adulé au pays du Soleil-Levant, est en passe de fermer.
Textes empruntés à Guillaume Lamy correspondant pour Lyon Capitale Publié le 13/08/2015 .
On a tous ses petites adresses. Son gras double préféré (Le Jura), ses œufs en cocotte au saint-marcellin attitrés (Chez Georges),
son gâteau de foies de volailles favori (Chez Hugon), sa quenelle bien-aimée (Café du Soleil, Chez Paul), son ragoût de béatilles affectionné
(Chez Brunet), son tablier de sapeur vénéré (Le Morgon), sa tête de veau langoureuse (Le Garet)...
Perdu au cœur du 3e arrondissement, au 116 de la rue du Dauphiné, Muriel Ferrari excelle dans le dauphinois, le gratin.
Comme celui de cardons d'ailleurs.
Et que dire de son fromage de tête ("avec moults oreilles de cochon dans la préparation" s'enthousiasme l'amicale de gueules des Francs-Mâchons
dont le diplôme trône en bonne place sur un mur du bistrot) ? Des pieds de porc panés, de la tétine de vache poêlée...
Élu parmi les meilleurs bistrots français par la chaîne de télévision japonaise NHK, le bouchon de la rue du Dauphiné est idolatré au Japon.
"Escrocs" en tablier blanc
Au Café des Artisans (doublement baptisé Le Bouchon de Muriel),
c'est la cuisine de ménage qu'on pratique.
La popote domestique, celle de tous les jours, l'ordinaire quoi (ses recettes ici). Le meilleur morceau donc.
Muriel est originaire d'Hyères.
Naissance:11 septembre 1955
Amourachée d'un pur gone,
elle s'installe dans la capitale des gueules dans la foulée.
Et ouvre son bouchon en 2003. "Ça marche alors super bien". Jusqu'en juin 2012.
Histoire de souffler un peu, elle met son bistrot en gérance.
Pas de bol, le couple qui prend l'affaire n'a pas les compétences.
L'affaire, comme les pots de beaujolais, tournent au vinaigre.
"Je me suis fait escroquer.
J'ai appris que la femme qui avait repris en gérance était interdite de gestion mais
qu'elle avait mis un jeunot à la tête d'une société qui a repris mon restaurant.
Quatorze mois après, ils sont partis à la cloche de bois" - ils auraient, depuis, fait le même cirque en Saône-et-Loire.
Loyers de retard, gérance impayée et, olive sur le foie de volaille, perte de la licence IV... Bref, tout partait en eau de boudin. Financement participatif
Pour perpétuer son sabodet et sortir de ce sabotage,
Muriel Ferrari a lancé une opération de financement participatif.
Il lui faut trouver 3 500 euros pour sauvez le navire. "À 60 ans, je trouverai plus de boulot.
Et puis, les minima sociaux, c'est pas mon truc. Ce qui m'intéresse c'est de continuer à cuisiner pour les clients !".
Voraces Gardiens du Temple, les bouchons nous permettent d'avoir une mémoire.
Ce sont, pourrait-on dire, des lieux de prière où l'on se recueille sur son enfance.
Comme l'écrivait si justement feu Bernard Frangin, grand journaliste au Progrès :
"on dit parfois que l'histoire d'un pays, c'est l'histoire de ses cafés.
Peut-être pas partout. Mais chez nous sûrement".
Reprise du bouchon en 2014
Café des Artisans, Le Bouchon de Muriel
116 rue du Dauphiné 69003 Lyon
69006 Lyon
Tel. 04 78 54 35 98
Horaires d'ouverture
Déjeuner : de 12h à 17h (tous les jours)
Diner : de 19h30 à 22h (sauf dimanche)
Restaurant privatisable (40 personnes max.)
Article . Note générale :* * * *
avec tout l'amour et la passion d'une digne représentante des Mères Lyonnaises.
Muriel Ferrari : voilà ce qu’est ma vie !
Muriel Ferrari : “Je voulais vous dire”, éditions La Passe du vent, 15 euros ;
“Café des artisans, bouchon d’une mère lyonnaise. Les recettes de Muriel”, 19 euros.
Les deux livres sont en vente au Café des artisans, 116 bis, rue du Dauphiné, Lyon 3e. Tél. : 04 78 53 20 12.
Le premier est également en vente à l’Espace Pandora (8, place de la Paix, Vénissieux) et en librairies.
Que se passe-t-il quand on apprend sur le tard que sa grand-mère n’était pas seulement une « emmerdeuse alcoolique »,
mais aussi une Résistante décorée ? Interrogeant sa propre vie cabossée,
Muriel Ferrari pose la question à une aïeule disparue avec ses mystères.
« Ces silences qui ont plombé nos vies.
Conversation imaginaire avec Charlotte Abonnen, ma grand-mère ».
128 pages, éditions La passe du vent, 2019, 15 euros.